Le Bulletin Diocésain de Bayonne, N° 49 du 4 décembre 1927, fit paraître la recension suivante :
Bénédiction de la Chapelle de l'Aviation
Lundi matin, le Pont Long a été le théâtre d'une cérémonie religieuse profondément émouvante. Mgr l'Evêque a béni la chapelle de l'Aviation due à l'initiative de M. le Doyen de Lescar. Elle s'élève, gracieuse, en pleine lande, attirant de loin les regards, symbole de foi et d'espérance, foyer de spiritualité.
Mgr Gieure était accompagné d'un clergé nombreux : M. le Doyen et M. le Vicaire de Lescar, M. le Chanoine Lasserre, vicaire général, M. l'Archiprêtre de Saint-Martin et M. le Curé de Saint-Jacques de Pau, M. le Chanoine Claverie, supérieur des missionnaires, M. le Chanoine Hourcade, curé de Jurançon ; M. le Chanoine
G. Pon, M. l'Abbé Annat, MM. les curés de Sauvagnon et de Caubios. Le Général Braillon, commandant la Subdivision de Pau, était entouré d'un grand nombre d'officiers.
La cérémonie solennelle et très simple à la fois a commencé à 10 heures ; elle était terminée avant midi. Tandis que l'assistance nombreuse, où se mêlaient l'élément civil et l'élément militaire, se tenait dehors, devant la porte, le clergé a fait la procession autour du Monument et a récité ensuite les prières liturgiques dans l'intérieur de l'église. Puis le public a été admis dans l'édifice sacré et M. le Doyen a chanté la messe.
La partie musicale a été tenue à la perfection par les filles de Marie de la Paroisse et par les Demoiselles du Pensionnat.
Après la Messe, Mgr l'Evêque a prononcé une allocution émouvante. Il a rappelé une première visite qu'il fit, il y a quinze ans, au camp d'aviation, où il fut reçu par un compatriote le lieutenant Ducoumau, dont le nom figure en tête de l'une des deux listes écrites sur le marbre, dans la chapelle - le nom du Capitaine Guynemer est en tête de l'autre liste. Mgr a prononcé des paroles de consolation et d'espérance pour ceux qui pleurent les victimes de l'aviation, fauchées en pleine jeunesse. Il a dit notre reconnaissance pour ceux, officiers, sous- officiers et soldats qui scrutent l'horizon et veillent sur notre sécurité. Il a demandé que nous priions pour eux, les vivants et les morts. Enfin, il a remercié tous ceux qui ont participé à l'érection de la chapelle. La cérémonie s'est terminée par l'absoute.
A midi, M. le Doyen recevait à sa table Mgr l'Evêque et une douzaine d'invités. Citons M. le Capitaine Fourquet, représentant le commandant du camp absent pour des raisons majeures et qui s'est excusé par télégramme, M. le Médecin-major, M. l'Architecte.
Réunion très cordiale. A la fin du repas, M. le Doyen, dans une al locution émue et délicate, a dit sa reconnaissance à tous ceux qui l'ont aidé et d'abord à Mgr l'Évêque, dont M. Maupas proclame les encouragements et la bonté, M. le commandant de Gallard, qui eut la première idée de la chapelle, son successeur, M. le commandant de Vasselot, M. Blay, l'architecte dévoué et désintéressé qui a réglé les travaux, la presse qui lui a été si utile pour faire entendre ses appels, etc, etc.
Et l'on s'est séparé, très heureux d'avoir participé à cette belle et réconfortante manifestation religieuse et patriotique.
Une autre recension de l'inauguration de la Chapelle Sainte Jeanne d'Arc est celle du bulletin paroissial de Lescar, L'Echo de Lescar, qui donne des précisions intéressantes :
BÉNÉDICTION
De la Chapelle Sainte Jeanne d'Arc par Monseigneur l'Évêque
La Chapelle Sainte-Jeanne-d'Arc a été bénie par Monseigneur l'Evêque de Bayonne le lundi 28 novembre à 10 h. du matin.
Elle dresse sa silhouette en pleine lande, à cent mètres de l'Aviation.
C'est un petit édifice roman dont la façade élégante, surmontée d'une croix blanche, regarde la belle chaîne des Pyrénées.
A l'intérieur, deux belles plaques de marbre ornées de motifs bronze et du chiffre de l'Aviation, sor ties des ateliers de M. Capdeville, portent les noms des 126 victimes du devoir au Pont-Long.
On y voit déjà quatre statues et un tableau donné par des personnes généreuses.
Une cloche au son argentin, donnée également, s'est fait entendre pour la première fois.
Enfin disons que l'édifice a été bâti et orné sous l'habile direction de M. Blays, par MM. Castaing, de Sauvagnon, et Rozal, de Pau.
Mais venons à la bénédiction. Suivant les prescriptions rituelles, pendant qu'elle s'accomplit, les fidèles se tiennent à l'extérieur. A 10 h. le cortège sort de la chapelle précédé du suisse, de la croix et des enfants de chœur. II se compose, outre le clergé paroissial, de MM. les curés de Sauvagnon et de Caubios, de M. l'abbé Annat, de MM. Les chanoines Claverie, H o u r d e et Pon, de MM. les curés de Saint-Martin et de Saint- Jacques, de Pau, M. le Grand Vicaire Lasserre et enfin Monseigneur en chape qui s'agenouille devant la porte de la chapelle.
Après une oraison, Sa Grandeur entonne l'Asperges et accompagné du clergé qui dit le Miserere il asperge les murs d'eau bénite.
De retour devant la porte l'officiant dit une belle formule de bénédiction et le cortège rentre dans l'église en disant les litanies des saints, interrompues vers la fin par une invocation où l'Évêque demande à Dieu de bénir la chapelle et l'autel en l'honneur et au nom de Sainte Jeanne d'Arc. Après deux nouvelles oraisons a lieu l'aspersion des murs intérieurs tandis que le clergé dit une antienne et trois psaumes appropriés et la cérémonie se termine par une oraison en faveur de ceux qui viendront invoquer Dieu dans cette chapelle.
Le public est alors admis. Nous voyons au premier rang, du côté de !'Évangile, M. le Général Braillon, commandant la subdivision de Pau, à ses côtés, M. le Capitaine Fourquet remplaçant M. le Commandant de Vasselot, retenu à son grand regret, à Poitiers, auprès d'un membre de sa famille malade, la famille du capitaine Foucquet et à la suite les familles des officiers et sous-officiers du camp. Du côté de l'épître un groupe d'officiers. Puis, près de l'une des plaques de marbre quelques parents des victimes de l'aviation. D'autres, plus nombreux, se sont excusés par télégramme ou dans des lettres émues et reconnaissantes.
A la suite viennent deux délégations des Enfants de Marie et du Pensionnat Notre-Dame qui, sous la direction de notre organiste distinguée, Melle Rozier, vont assurer le chant liturgique avec une perfection à laquelle Monseigneur se plaira à rendre hommage. La voix sympathique de notre vicaire leur donnera la réplique dans les morceaux à deux choeurs.
Enfin, entassés au fond de la chapelle et au dehors, un nombreux public de civils et de militaires. Toute l'assistance restera d'ailleurs dans un recueillement impressionnant.
Nous commençons la messe, la première messe chantée sur l'immense lande et ce n'est pas sans une vive émotion. Nous portons aux pieds de Notre-Seigneur le souvenir des aviateurs que nous avons voulu glorifier et de leurs familles, le souvenir de tous ceux qui nous ont aidés dans notre oeuvre et nous demandons à Dieu que cette chapelle serve à sa gloire, à la gloire éternelle de nos héros, au bien spirituel de tous ceux qui la fréquenteront, à la protection de nos hardis aviateurs.
La Messe terminée, Monseigneur prononce une allocution. Il rappelle comment il fut gracieusement accueilli au camp il y a quinze ans par le lieutenant Ducournau, son compatriote, qui en son honneur, se leva de terre avec son avion et évolua quelques instants dans les airs. Il devait hélas ! périr quelques jours après et ouvrir la liste glorieuse des 126 noms qui se lisent sur les plaques de marbre. Dans un langage émouvant, Monseigneur prêche la consolation et l'espérance à ceux qui pleurent.
Il fit un vif éloge de l'armée, en particulier des Aviateurs qui scrutent l'horizon et veillent sur notre sécurité Il remercie ensuite et félicite le Doyen de Lescar de l'érection de cette chapelle, où l'on priera pour les morts et les vivants et qui sera un lieu de pèlerinage pour les familles en deuil. Il remercie encore tous les souscripteurs présents ou absents et M. L'Architecte qui, avec dévouement et désintéressement, a dressé ce monument gracieux. Enfin il a invité toute l'assistance à concentrer sa pensée et sa prière sur les victimes de l'aviation en faveur desquelles il allait donner l'absoute.
Le Libera est entonné au milieu d'une profonde émotion tandis que quatre sous-officiers s'avancent avec le drap mortuaire.
Quand les prières sont terminées l'assistance s'écoule lentement, comme à regret, et ceux qui avaient été obligés de rester dehors viennent à leur tour passer un instant dans la chapelle. |