Les relations publiques au Pont-Long autour du Flyer

 

A Pau résident en hiver de nombreux sportmen et des représentants de la haute société, férus de modernité et de ces sport dangereux que sont l’aérostation et l’aviation en ces temps. Les frères Wright sauront mettre en valeur (avec la modestie qu’il faut) leur savoir-faire. Ils reçoivent au Pont-Long la visite des notabilités locales, dont le maire Alfred de Lassence, Louis Barthou natif du Béarn et ministre des Travaux Publiques, des membres du Parlement, des hommes politiques français et étrangers, des personnalité du monde aéronautique. Le roi Espagne Alphonse XIII, le roi d’Angleterre Edouard VII viendront aussi admirer les exploits des américains.
 
Les journalistes venus nombreux relatent les exploits dans les journaux du monde entier. Les Wright soignent bien leur communication, ils emmènent comme passagers pour des vols courts des personnes connues L. Barthou, le marquis de Kergariou, Katharine Wright, la comtesse de Lambert, des députés.
 
La force des Wright à Pau
Ils ont une énorme puissance de travail et tout est sacrifié à leur passion. La complémentarité des 2 frères leur est très utile. Le soutien de la famille et la présence de leur sœur à Pau. Ils ont emmenés leurs 2 mécaniciens, dont l’un parle bien le français (utile pour les travaux avec les artisans locaux). Ils savent utiliser les moyens modernes de l’époque, il leur est apparemmment facile de poursuivre leurs différentes activités. Ils maintiennent depuis Pau leurs contacts avec les fournisseurs habituels. Au cours de tous les vols ils poursuivent les essais, ce qu’on retrouve sous forme de notes soigneusement calligraphiées dans de petits carnets (les différents moteurs, les hélices,leurs spécifications, la vitesse de rotation ; les réglages divers). Par contre ils en restent au lancement avec catapulte ; ils ne semblent pas avoir à cette époque envisagé de monter des roues.
 
Poursuite de la valorisation de leur invention
Les vols à Pau sont destinés à former les élèves pilotes. Comme Wilbur estime avoir perdu beaucoup de temps il n’est pas question d’établir des performances. Les records établis au Mans ne seront pas battus. Ce n’est qu’après le départ des Wright que Paul Tissandier établira son record de France avec 50,7 km en 1h 20mn. Durant le séjour palois ils ont des contacts pour vendre leur invention en Europe, visant principalement les gouvernements ou les armées. Ils entrent en relation avec Short Brothers en Angleterre pour la construction de 6 appareils. Ils s’occupent aussi de l’organisation de leurs voyages de démonstration prévus en Italie et en Allemagne. Une correspondance est échangée avec la Russie.
 
Les nouvelles demandes de brevets
Les Wright ont déposé le 10 février 1908 la demande n°415.105 pour un nouveau brevet (ce brevet sera délivré le 14 octobre 1913 !) pour un système automatique. L’agent en brevet des Wright les informe en temps réel, et le cas échéant, leur demande leur avis. Une abondante correspondance adressée à l’Hotel Gassion en fait foi.
 
Mise en place de l’Ecole de pilotage Wright
Wilbur effectue son dernier vol le 20 mars, il a rempli son contrat.  L’école fondée par les frères Wright passe alors sous la responsabilité de la Compagnie Générale de Navigation Aérienne. Paul Tissandier en est le responsable et le moniteur avec un seul appareil, celui utilisé depuis Le Mans et  qui est usé et dépassé. Il n’a qu’un élève René Gasnier , rejoint par le capitaine Etévé envoyé en tant qu’élève militaire par le Centre de Chalais Meudon. Paul Tissandier abandonne au début 1910 et, malgré quelques espoirs de reprise, l’école Wright ne réouvrira pas, jusqu’à ce qu’elle soit réquisitionnée en 1914 par l’Armée.
 
Conclusion
Le séjour fut court à Pau, du 14 janvier  au  23 mars 1909.
L’objectif a été globalement atteint par les Frères Wright indissociablement (même si  Wilbur fut seul à piloter en France) :
- Ils ont démontré leurs capacités et convaincu des possibilités des « plus lourds que l’air » .
- Par là même ils ont vendu le Flyer et les droits de leur brevet.
- Ils ont formé les pilotes, le comte de Lambert et Paul Tissandier (Thomas  Lucas-Girardville a abandonné).
- Ils ont fondé une école de formation au pilotage, la première école de pilotage au monde. Par ailleurs en tant que précurseurs ils ont lancé plus qu’une mode : après eux des constructeurs sont venus à Pau et des écoles de pilotage se sont créées. Lorsque Orville et Wilbur Wright sont partis, les activités aériennes ont perduré à Pau et  l’aérodrome où tout a commencé en 1909 sur la lande du Pont-Long est toujours en activité en 2009.
 
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